On estime qu’environ la moitié des Français a souscrit à l’option heures creuses, c’est dire si elle est entrée dans les habitudes. Une option si incontournable que tous les fournisseurs d’électricité la proposent.
Après avoir effectué des milliers d’analyses d’électricité en France, un fait nous a laissé sans voix : les heures creuses ne sont pas rentables pour 1 foyer sur 2 ayant souscrit cette offre en moyenne !!!
Quand on vous dit que parfois ça ne sert à rien de faire ses machines à laver la nuit… Même pour le réseau électrique !
C’est quoi le rapport entre le réseau électrique et les heures creuses ? On vous explique pourquoi la rentabilité des heures creuses n’a presque plus rien à voir avec l’équilibrage du réseau d’électricité.
Sommaire
Avant d’être taxés de jeunes inconscients dont la volonté est de mettre le chaos dans le réseau électrique, remettons les choses à leur place !
Économisez sur votre offre d'électricité
L’option heures creuses a été créée à la base pour équilibrer le réseau par l’incitation financière. Un peu à la manière des discounters qui cassent les prix pour des produits invendus, les heures creuses servent à pousser les Français à utiliser l’électricité lorsqu’il en “reste”.
À cela, il y a 2 raisons :
Voilà pourquoi les heures creuses servent à pousser les consommateurs à utiliser de l’électricité surtout la nuit ou dans l’après-midi, à un coût moins cher qu’en journée.
L’option heures creuses permet donc aux consommateurs qui acceptent d’utiliser plus d’électricité au moment où elle est produite en surplus dans le réseau électrique, de bénéficier d’un prix réduit en conséquence. Et comme il existe en réalité peu de personnes qui vivent la nuit et dorment le jour, les heures creuses sont surtout adaptées aux logements composés d’appareils à départ différé ou qui peuvent être réglés pour fonctionner la nuit. Il s’agit des ballons d’eau chaude, des machines à laver le linge ou la vaisselle. De plus, leur consommation étant très élevée, les faire fonctionner la nuit est financièrement avantageux.
C’est la raison pour laquelle, nous avons quasiment tous eu des parents qui avaient l’option heures creuses et qui nous ont appris à programmer la machine à laver la nuit. En grandissant, beaucoup d’entre nous avons gardé en tête que l’électricité coûtait moins cher la nuit.
L’électricité ne coûte en fait moins cher que pour ceux qui ont l’option heures creuses.
Et en réalité, cette option ne permet pas forcément d’avoir une facture d’électricité moins élevée qu’un logement similaire qui n’a pas les heures creuses.
Par ici si vous voulez en savoir plus sur l’évolution de la rentabilité des heures creuses.
Maintenant, nous voilà donc au coeur du problème : l’incitation financière que constitue l’option heures creuses était intéressante pour les 2 parties : pour le gestionnaire du réseau d’électricité et pour le consommateur.
Mais, quand les heures creuses ne présentent plus d’intérêt financier pour le consommateur, faut-il continuer à garder cette option et contribuer à équilibrer le réseau en payant plus cher ?
Heureusement non ! Les deux ne sont pas incompatibles : on peut contribuer à l’équilibrage du réseau électrique tout en n’étant pas obligés de payer une facture plus chère.
Si les heures creuses ne sont pas rentables financièrement et que vous voulez continuer à contribuer à l’équilibrage du réseau, le choix est en fait simple :
Libre à vous de choisir !
Si à l’époque de nos parents, il était plus intéressant d’avoir l’option heures creuses, qu’est-ce qui a changé aujourd’hui pour les rendre moins intéressantes ?
Une partie de la réponse vient du rôle des différents acteurs.
Là où nos parents n’ont connu qu’EDF, la libéralisation progressive du marché de l’électricité a doucement redistribué les cartes : EDF s’est scindé en 4 entitées
Les parties transport et distribution sont chargées du réseau électrique, tandis que EDF en tant que producteur et fournisseur d’électricité, ne s’en occupe plus.
Mais l’incitation financière qui encourage les consommateurs à équilibrer le réseau vient d’EDF, qui n’a aujourd’hui plus d’intérêt à le faire puisqu’il ne s’occupe plus du réseau.
Voilà pourquoi progressivement, l’option heures creuses est devenue de moins en moins intéressante au fil de l’évolution des prix depuis 2007.
Pour preuve, les offres Tempo ou EJP qui avaient aussi le même rôle d’encourager la consommation d’électricité à des moments plus qu’à d’autres, sont aujourd’hui en voie d’extinction : soit EDF ne les propose plus à la vente (EJP), soit ne le propose qu’à la demande (Tempo).
L’option heures creuses, quant à elle, ne peut pas disparaître aussi vite, le nombre de foyers en France y ayant souscrit était plus conséquent que pour Tempo ou EJP. C’est l’une des raisons pour laquelle les heures creuses existent toujours alors que les prix sont de moins en moins intéressants.
Si on en revient à la fonction première des heures creuses qui était de contribuer à l’équilibrage du réseau par l’incitation financière, on se doute que si les heures creuses sont de moins en moins rentables, c’est que les fournisseurs d’électricité, ont de moins en moins d’intérêt à équilibrer le réseau, qui ne relève pas de leur activité, mais de celle de RTE ou Enedis.
RTE et Enedis, étant des services publics ne gagnent pas d’argent commercialement, mais sont subventionnés par les taxes. Elles constituent d’ailleurs presque 2 tiers du montant de la facture d’électricité.
Il est donc inutile de craindre que le réseau électrique explose si de moins en moins de consommateurs n’utilisent pas les heures creuses.
C’est maintenant le rôle de RTE et Enedis de s’assurer que l’équilibrage reste maîtrisé et les taxes qu’on paye déjà tous y contribuent.
En réalité, aujourd’hui, il n’y a plus que les heures creuses qui peuvent contribuer à équilibrer le réseau.
D’abord parce que, doucement mais certainement (la loi de transition énergétique allant dans ce sens), le niveau de production nucléaire diminue au profit d’autres sources qui ont leurs propres problématiques de consommation. L’hydraulique par exemple permet de mieux gérer la fluctuation de la demande. Les renouvelables eux, ont des courbes de production totalement différentes du nucléaire : l’heure creuse pourrait se situer en pleine après-midi lorsqu’il y a beaucoup de soleil et donc une grande quantité d’électricité à consommer.
Ensuite, de nouveaux fournisseurs ont imaginé de nouvelles notions d’heures creuses, même s’ils ne portent presque pas ce nom. Engie propose par exemple des offres week-end, où l’électricité coûte moins cher qu’en semaine. Direct Energie, de son côté, propose des heures super creuses. Dans ces deux exemples, le fournisseur ne fait que redéfinir la période où il souhaite pousser son client à consommer.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site.